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Revenons donc au sujet dâaujourdâhui, nous allons Ă©voquer un accord qui pourrait changer la donne sur le continent africain, la ZLEC.
Merci à Théodore, membre de la communauté sur Discord, de nous avoir suggéré le sujet de cette édition.
1. La ZLEC est-elle un tournant pour lâAfrique ? đ
ZLEC : Zone de Libre Ăchange Continentale. Le libre-Ă©change correspond Ă une politique Ă©conomique qui entre dans le domaine du commerce international. Il s'agit de supprimer les restrictions douaniĂšres (principalement les taxes) afin de laisser place Ă la libre circulation des biens et services entre les pays sans intervention des gouvernements.Â
LâAfrique dispose dâune superficie de 30,37 millions de km2. Le continent est plus grand que lâEurope (10.18M de km2), les Ătats-Unis (9,83M de km2) et la Chine (9,57M de km2) rĂ©unis. Cependant, les Ă©changes commerciaux entre les pays africains reprĂ©sentent uniquement 16% des Ă©changes globaux, en Europe ce taux grimpe Ă 60% et en Asie 69%.
Ce faible taux pourrait provenir de plusieurs facteurs :
Les infrastructures et économies africaines ont été conçues en priorité pour répondre aux besoins des exportations vers les pays occidentaux.
LâAfrique exporte principalement des matiĂšres premiĂšres Ă destination des pays du Nord sans les transformer sur son sol. Par exemple, le NigĂ©ria đłđŹ est le premier exportateur de pĂ©trole brut mais importe 91 % de ses besoins en carburant đ€.
Ou bien nous avons tous en tĂȘte lâimage des travailleurs ivoiriens sur les plantations de cacao, qui nâont jamais goĂ»tĂ© de chocolat, car absolument tout ce qui est rĂ©coltĂ© est exportĂ©.Le faible niveau des infrastructures routiĂšres ne permet pas dâĂ©changes rĂ©guliers entre pays africains. (ĂvoquĂ© dans notre Ă©dition âRetour en Afrique : Les 8 difficultĂ©sâ).
Avant le projet de ZLEC, il existait dĂ©jĂ des zones Ă©conomiques au sein des pays dâAfrique. Parmi les plus connues, nous pouvons citer :
- La CEMAC
Il sâagit de la CommunautĂ© Ăconomique et MonĂ©taire dâAfrique Centrale, six pays en font partie : Cameroun, Centrafrique, Tchad, Gabon, Congo et la GuinĂ©e Ăquatoriale. La monnaie utilisĂ©e est le Franc CFA dâAfrique Centrale (XAF).
Cette monnaie est non utilisable dans les pays francophones dâAfrique de lâOuest (XOF) ; les deux monnaies ont pourtant la mĂȘme valeur. Pour convertir des XOF en XAF (ou inversement), il faut prĂ©alablement convertir la monnaie en EUR đ€.
- La CEDEAO
Il sâagit de la CommunautĂ© Ăconomique des Ătats dâAfrique de lâOuest. Quinze pays en font partie : BĂ©nin, Burkina-Faso, Cap-Vert, CĂŽte dâIvoire, Gambie, Ghana, GuinĂ©e, GuinĂ©e-Bissau, LibĂ©ria, Mali, Niger, NigĂ©ria, SĂ©nĂ©gal, Sierra-LĂ©one et Togo. Ces pays pourtant membres de la mĂȘme communautĂ© Ă©conomique nâutilisent pas tous la mĂȘme monnaie.
- LâUMA
Il sâagit de lâUnion du Maghreb Arabe, cinq pays en font partie : AlgĂ©rie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie. Ils nâont aucune monnaie en commun.
Pourquoi la ZLEC ?
Il nâexistait pas de zone regroupant lâensemble des pays africains et câest tout lâenjeu de la ZLEC (Zone de Libre Ăchange Continentale Africaine).
La ZLEC vise Ă crĂ©er un marchĂ© unique continental (de 1,2 M de personnes) avec la libre circulation des biens, des personnes et des investissements, similaire Ă celui de l'Union EuropĂ©enne. AdoptĂ© en 2012, le projet de zone de libre-Ă©change continentale avait, en juillet 2019, Ă©tĂ© approuvĂ© par tous les Ătats du continent africain, hormis lâĂrythrĂ©e.
âĄïž Le but de la ZLEC est donc de dĂ©velopper le commerce intra-africain et ouvrir lâĂšre dâindustrialisation de lâAfrique. Selon lâONU, elle pourrait augmenter de 50% les Ă©changes entre pays africains ce qui fera de lâAfrique la plus grande zone tarifaire au monde.
đ Les entreprises exportatrices africaines auront dĂ©sormais accĂšs au marchĂ© panafricain qui Ă©tait difficilement accessible en raison des coĂ»ts de transport et des taxes douaniers. En consommant panafricain, les consommateurs locaux vont donc profiter dâune augmentation de leur pouvoir dâachat grĂące Ă la suppression des droits de douane qui se rĂ©percutaient sur les prix. De plus, grĂące Ă lâaccord sur la libre circulation des personnes les africains pourront voyager dans les pays membres sans avoir besoin de visa đ§łđ.
â Cet accord de libre Ă©change envoie un message fort des pays africains au reste du monde : les africains ont la volontĂ© de travailler ensemble pour le dĂ©veloppement Ă©conomique du continent. Aujourdâhui, lâaccord a Ă©tĂ© ratifiĂ© par 27 pays. La ZLEC devait entrer en application au 1er juillet 2020 mais la crise sanitaire du Covid-19 a malheureusement repoussĂ© sa mise en place Ă une date ultĂ©rieure.
Pas de monnaie commune
Afin de ne pas reproduire les erreurs du passĂ© notamment avec lâeuro qui a fragilisĂ© certaines Ă©conomies europĂ©ennes, la ZLEC se rĂ©alisera sans monnaie commune, les politiques Ă©conomiques des pays dâAfrique Ă©tant si diffĂ©rentes les unes des autres. Câest dĂ©jĂ le cas au sein de certaines communautĂ©s Ă©conomiques dâAfrique dĂ©jĂ existantes (CEDEAO, CEMAC, UMA) dans lesquelles les pays membres nâutilisent pas tous la mĂȘme monnaie. Les coĂ»ts liĂ©s aux taux de change pourraient cependant constituer un obstacle majeur au commerce intra-africain.
2. Axes dâamĂ©liorations afin que la ZLEC soit un succĂšs (selon moi) â
Des rĂšgles dâorigine claires
Les rĂšgles relatives Ă la notion âdâorigineâ des biens permettent de dĂ©terminer le pays dâorigine dâun produit. Elles sont importantes du fait que les droits et restrictions applicables dĂ©pendent de la provenance des produits importĂ©s.
DĂ©finir et attribuer lâorigine des marchandises constituera un dĂ©fi particulier pour la ZLEC en raison du nombre de pays impliquĂ©s dans lâaccord. Pour faire circuler des marchandises, les producteurs devront prouver que les produits ont une plus value ajoutĂ©e africaine (on parle de 50% de valeur ajoutĂ©e aux produits).
Par exemple, des produits Ă©trangers ne pourront pas bĂ©nĂ©ficier des avantages de la ZLEC sâils nâont pas Ă©tĂ© transformĂ©s au moins Ă 50% sur le sol africain.
Financer les infrastructures routiĂšres
Le rĂ©seau routier africain, le plus faible au monde, est insuffisant et dĂ©tĂ©riorĂ© (on compte 7km "de bitume" pour 100km2). AmĂ©liorer et financer de nouvelles infrastructures de transport permettra dâune part, de rĂ©duire les coĂ»ts logistiques et de rĂ©paration de matĂ©riel qui sont actuellement trĂšs Ă©levĂ©es dans le cadre du transport intra-africain et dâautre part, dâaccĂ©lĂ©rer les Ă©changes entre pays africains.
RĂ©duire la corruption et coupeurs de route
Il est lĂ©gitime de douter de lâapplicabilitĂ© des rĂšgles de la ZLEC lorsquâon se penche de plus prĂšs sur les problĂšmes de corruption et de lenteur au sein des administrations fiscales en Afrique. La digitalisation des services administratifs, ainsi quâune meilleure rĂ©munĂ©ration des agents pourraient ĂȘtre une solution pour rĂ©duire ce flĂ©au.
La recrudescence des âcoupeurs de routeâ de grand chemin et les âfaux barragesâ qui sĂ©vissent sur les autoroutes sub-sahariennes constitue un obstacle sĂ©curitaire de taille Ă la libertĂ© de circulation portĂ©e par la ZLEC.
De la volonté politique
Afin que la ZLEC soit le succĂšs africain quâon attend, la production et donc la transformation de matiĂšres premiĂšres sur le sol africain est primordial. Les politiques doivent avoir une volontĂ© dâindustrialisation de lâAfrique dans son ensemble et en respectant les spĂ©cificitĂ©s propres Ă chaque pays.
3. Quels rĂ©sultats peut-on attendre de la ZLEC đ
AmĂ©liorer lâemploi des jeunes
La jeunesse dâAfrique dispose de nombreux emplois prĂ©caires. Les mauvaises conditions de travail, les salaires insuffisants et emplois familiaux non rĂ©munĂ©rĂ©s ont des consĂ©quences nĂ©fastes sur la jeunesse : 70% des jeunes vivent avec moins de 3 dollars par jour đ±. En Afrique, 62% de la population Ă moins de 25 ans et les jeunes reprĂ©sentent 60% des chĂŽmeurs africains. Il y a donc une main dâoeuvre prĂȘte Ă dĂ©velopper le continent. Pour cela, une volontĂ© politique, des investissements massifs et la bonne application des rĂšgles de la ZLEC sont indispensables.
Améliorer la sécurité alimentaire
De nombreux gouvernements africains comme le NigĂ©ria ou le SĂ©nĂ©gal ont mis en place des politiques visant Ă atteindre lâauto-suffisance alimentaire. En produisant massivement sur le sol africain et grĂące aux rĂšgles de la ZLEC, les pays voisins qui nâont pas encore atteint cette autosuffisance alimentaire pourront profiter des productions voisines et ne plus importer, par exemple, de riz provenant des marchĂ©s asiatiques. Ce changement de consommation est Ă lâavantage des africains car les droits de douane ne seront plus rĂ©percutĂ©s sur les prix de vente.
Consommer africain et devenir une puissance mondiale
En industrialisant les pays, en transformant les matiĂšres premiĂšres sur son propre sol et en les vendant au juste prix, nul doute que lâAfrique deviendra une puissance mondiale de premier plan.
Pensez-vous que la ZLEC est un tournant majeur pour lâAfrique ?
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Take care đ
Kara
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Si les politiques Ă©conomiques et les frontiĂšres sont rĂ©ellement ouvertes, ce pourra ĂȘtre trĂšs positif pour "l'indĂ©pendance de l'Afrique" (vis-Ă -vis du reste du monde).
Super article encore une fois trĂšs instructif ! Merci pour cette newsletter de qualitĂ© ! đ
Merci c'est trĂšs enrichissant đđżđđâ€ïžđ¶đŻâ đŻđđĄđȘđż
Je vous souhaite une belle journĂ©e les ami(e)sđâïžđ
Afrhipopement
Aboo Afrhipop
https://youtu.be/WenDm_a9dh4